Göran Schildt
Historien de l’art et auteur finlandais de langue suédoise
Du Havre à Monaco par fleuves et canaux – Été 1948, (traduction de Christine Ribardière et Michelle Deperrois-Fayet, préface d’Alain Quella-Villéger). Avec une cinquantaine de photographies inédites prises par l’auteur. Coédition Bleu autour/ Le Carrelet, 2018.
Enfin disponible en français, le formidable récit du voyage en voilier de Göran Schildt dans la France d’après-guerre, avec sa femme et ses amis d’un jour ou de longue date, dont André Gide qui faillit passer le saluer au port des Champs-Élysées…
Féru de l’écrivain, comme de Cézanne, cet historien de l’art et auteur finlandais a 31 ans lorsqu’il gagne l’Italie par la Seine, l’Yonne, le canal de Bourgogne, la Saône, le Rhône, le canal d’Arles et la Méditerranée. Sa traversée est une immersion. Il a l’œil gourmand du réchappé de la guerre. Paysages, monuments, bistrots vivent sous sa plume et dans ses photographies, mais aussi mariniers cocasses, éclusiers assoupis, amoureux surpris… On découvre l’intimité d’un intellectuel européen de son temps, y compris dans sa relation au « sexe faible » ! Et du Havre à Monaco, via Rouen, Paris, Sens, Joigny, Tonnerre, Dijon, Chalon-sur-Saône, Lyon, Avignon, Marseille, Saint-Tropez et Cannes, Göran Schildt nous révèle la ‘‘patrie de l’individualisme’’ à l’aube des Trente Glorieuses.
REVUE DE PRESSE:
« Le livre ressemble à une chronique, un journal de bord étoffé. On assiste aux péripéties des manœuvres nautiques, on suit un itinéraire fait de noms de cours d’eau : la Manche, la Seine, l’Yonne, le canal de Bourgogne, la Saône, le Rhône. Et c’est depuis ses berges qu’on voit la France d’après-guerre, un pays en reconstruction et qui n’a pas encore pris le pas de la modernité industrielle. On s’arrête pour visiter une église, une abbaye, une petite ville. Des noms de peintres ponctuent la descente du flot, des noms d’œuvres musicales qu’on entend sur le phonographe au bord des rivières. Une France d’après.
Car après l’enfer, après la peur, dans un élan hédoniste, ce jeune homme qui a vécu le conflit mondial entreprend un voyage de reconstruction vers l’éternel humaniste, prenant le temps de vivre le pittoresque de l’instant et de célébrer la joie de vivre inaltérable à travers les rencontres avec des hommes et des lieux, comme un filet qu’on recoud pour re-comprendre le monde.
Il y a un effet de proximité dans ce rapport immédiat à l’existence, et, dans cette légèreté qui suit le drame, quelque chose de fade et frais comme une petite rivière ombragée, comme un temps révolu, un instant heureux que le lecteur partage du bout des lèvres. Tout a l’air de flotter avec une étrangeté qui n’appelle aucune nostalgie. On se trouve soi-même dans un cocon léger, les nuages semblent s’étirer autour du livre.
Lecture de plaisance, lente et contemplative, qu’on interrompt pour baguenauder le nez au vent. » (site de l’ALCA, Agence du livre, cinéma et audiovisuel de la Nouvelle-Aquitaine; la chronique de Damien, extraits, 2018).
« Dommage que ce volume ne reprenne que la partie française de l’expédition sur un voilier aujourd’hui exposé dans le port de Turku […]. Mais celle-ci est des plus intéressantes, puisqu’elle donne à voir un pays qui se relève de la tragédie qui a pris son territoire, parmi tant d’autres, pour cadre.
Göran Schildt nous emmène donc du Havre à Monaco, en 1948, par les diverses voies navigables que recèle l’Hexagone. Accueillant sur son bateau tant des personnalités que des anonymes, il n’hésite pas à arpenter à pied ou à vélo les villes et régions traversées (Rouen, Paris, Marseille, etc.), multipliant les rencontres, au cours de ce voyage qui lui fait relier Stockholm à Rapallo, en Italie. Peu connu en France, Européen précurseur et convaincu, Göran Schildt est célèbre dans les Pays nordiques. Ce livre contribuera certainement à asseoir ici sa notoriété. » (Site ‘‘Voyage dans les Lettres nordiques’’, par Thierry Maricourt, été 2018, extraits)